S’il est bien un lieu parisien, central par son emplacement et au passé riche, mouvementé, ayant su traverser les siècles… c’est la conciergerie. Lors de mes années d’étudiant, j’allais en cours à quelques pas de cet emblématique Palais remontant pour sa partie la plus ancienne, à l’époque Médiévale. Fasciné, je l’étais et le suis toujours par la beauté architecturale des lieux, venant à trancher avec les bâtiments Haussmannien sur la rive opposée de la Seine. Découvrons ensemble l’histoire de la Conciergerie, haut lieu de l’histoire de Paris, de la France.
La Conciergerie, vestige des Capétiens
L’histoire et les origines de la Conciergerie se retrouvent dans l’édification du Palais de la Cité, sur l’île du même nom au centre de Paris. L’île de la Cité a toujours été le cœur de la capitale, puisque c’est ici, sur cette île de la Seine, que les Gaulois édifièrent la Capitale de la Gaule, Lutèce. Antique berceau de la ville de Paris. Je vous propose une visite guidée de la Conciergerie
Il nous faudra attendre le début du XIVè siècle, pour que la Conciergerie soit bâtie à la demande du Roi de France Philippe le Bel. La Conciergerie était partie intégrante du Palais de la Cité. De cette époque, il n’en reste que les quatre tours sur le quai de l’Horloge bordant la Seine. A l’intérieur, subsistent de l’époque du Palais de la Cité médiévale, la Salle des Gardes et l’immense Salle des Gens d’Armes qui furent établies sous le règne de Philippe le Bel, ainsi que les cuisines conçues sous l’époque de Jean le Bon.
C’est ainsi que le Palais de la Cité fut la première demeure parisienne des Rois de France du Xè au XIVè siècle, avant qu’ils n’aillent s’installer au Louvre et à Vincennes.
Des joyaux du passé à découvrir
Seules les parties basses de la Conciergerie permettent aujourd’hui de témoigner du passé du Palais de la Cité (avec la Sainte Chapelle).
Au rez-de-Chaussée nous pouvons découvrir et parcourir la Salle des Gens d’Armes, l’une des plus grandes salles civile médiévale d’Europe mesurant près de 64 mètres et d’une largeur de 27,5 mètres, avec une hauteur de 8,5 mètres. Bâtie entre 1302 et 1313, elle était alors utilisée, comme réfectoire aux personnes employées sous les ordres et au service du Roi.
La Salle des Gardes fut érigée en 1310 et était l’anti chambre de la Grand’Salle.
Quatre tours viennent à dominer le Quai de l’Horloge. Elles étaient également parties prenantes du palais de la Cité, elles sont aujourd’hui intégrées harmonieusement à la Conciergerie.
La Tour de l’Horloge.
La Tour de César, nom attribué en mémoire du temps des Romains. Puis, que la Tour fut érigée sur des fondations romaines.
La Tour d’Argent, nom donné en raison du trésor royal qui y avait été conservé.
La Tour Bonbec, qui doit son appellation non pas à la gourmandise, mais au fait que s’y trouvait la salle ou la « question » était infligée aux suppliciés. Comprendre, qu’en ce lieu, des séances de tortures étaient pratiquées sur de pauvres âmes afin de leur faire avouer tout et n’importe quoi. Bon bec pour bonne parole. Chacun appréciera le sens de la bonne parole à cette époque.
Horloge du Palais de la Cité, la Conciergerie Paris
La Conciergerie, devint une prison
Les Rois de France délaissèrent les lieux pour s’installer au Louvre et à Vincennes. C’est alors que l’activité judiciaire va se développer au sein de la Conciergerie et qu’une prison y sera aménagée, la plus ancienne de France. Autant dire, que le sordide va rapidement prendre le dessus…
Dans un premier temps, la Conciergerie recevait les personnes qui avaient intenté à la vie du Roi ou l’ayant assassiné. Y furent incarcérés dans ses murs, Montgomery, ou encore Ravaillac.
La Terreur
Puis, lors de la Révolution Française, la Conciergerie deviendra la prison du tribunal révolutionnaire. Les prévenus ou condamnés y entrant pouvaient avoir la certitude qu’ils en sortiraient uniquement pour se rendre sur l’échafaud et y être guillotinés. Quelques grands noms liés à l’époque révolutionnaires séjournèrent à la Conciergerie, leur ultime demeure avant d’aller se faire couper la tête… nous pouvons citer, Marie-Antoinette, Danton, Robespierre, Charlotte Corday… L’ancienneté des lieux, l’époque, l’insalubrité feraient passer les prisons actuelles pour de véritables 5 étoiles. Les cellules étaient minuscules, sombres, sales. On estime à près de 1000 prisonniers pouvant être enfermés à la Conciergerie lors de la Révolution Française. En 2 ans, ce sont 2700 condamnés à mort qui vont séjourner à la Conciergerie. Ambiance plutôt lugubre, je vous laisse imaginer.
Sachez, que vous avez la possibilité de pénétrer dans la cellule de la Reine Marie-Antoinette. Reconstituée à l’identique avec des mannequins de cire imitant les gardes d’autrefois, le mobilier succinct garnissant la cellule, les objets… vous pourrez vous mettre dans la peau de la Reine lors de ses derniers jours de vie et peu avant que le couperet ne s’abatte et vienne à trancher son cou.
Plus tard, au XIXè siècle, ce fut Napoléon III qui y sera enfermé, ainsi que les anarchistes Orsino et Ravachol, ou encore le Maréchal Ney. La Conciergerie sera une prison jusqu’à la veille de la Première Guerre Mondiale (1914), elle devint alors Monument National et ouvert au public.
Le Palais de Justice y avait installé ses quartiers, dont l’entrée se situait à côté de l’Horloge. Ce n’est que récemment que les Juges, Procureurs, greffiers, avocats et prévenus déménagèrent dans le quartier des Batignolles rejoindre le nouveau Palais de Justice.
Finalement, la Conciergerie, Monument aussi remarquable qu’il soit, prestigieux par ses extérieurs et l’histoire de ses intérieurs, ne captive pas les foules. Les touristes, comme les parisiens, ne s’y attardent pas autant qu’au Louvre, La Tour-Eiffel, les Champs Elysées, et autre lieux remarquables de Paris. Le collectif considérant depuis des siècles l’endroit comme un lieu de justice, d’enfermement. Et pourtant, la Conciergerie à tant de choses à nous apprendre, à nous faire vivre, et nous faire découvrir. De nuit, ses illuminations scintillent, et nul n’est alors insensible à la beauté de ses façades. Les bateaux mouches ne manquent pas de diriger leurs projecteurs dessus. Les appareils photos et smartphones capturent l’instant. Les images font le tour du monde, mais peu de ces photographes ne prendront le temps d’y revenir et de franchir le seul d’entrée. Dommage…
Mémoire du passé, de l’époque des Rois de France, du Moyen-âge, de la Terreur, de la Révolution, des grands procès du XIX et du XXè siècles. C’est pénétré dans l’institution, dans les entrailles de Lutèce au Paris actuel. Un lieu d’exception à voir, mais surtout à visiter.
