Le musée de la Poste se réinvente – Ouverture le 23 novembre

Fermé depuis plusieurs années (2015), le Musée de la Poste à Paris ré ouvrira ses portes au public à compter du 23 novembre 2019. Musée d’entreprise situé au pied de la Tour Montparnasse, les lieux furent fermés pour une rénovation complète. C’est ainsi, que les collections du musée seront présentées dans de nouveaux espaces modernes et accueillants à compter de la fin novembre.

Réaffirmant son ambition culturelle et patrimoniale dans le paysage muséal français, le Musée de la Poste a fait l’objet, depuis 2015, d’une réhabilitation complète de son bâtiment par l’atelier Jung Architectures.

Le musée nous dévoilera un tout nouveau concept muséographie et architectural avec une scénographie totalement repensée et une nouvelle distribution de ses espaces : la galerie d’accueil et son « Totem » traversant les plateaux d’expositions permanentes, les espaces dédiés aux ateliers, la galerie d’exposition temporaire, la boutique, l’auditorium et les espaces privatisables.

En avant-première, le Musée de la Poste, nous partage une éventail de ses objets et pièces remarquables, parmi une sélection de près de 1000 pièces, qui seront à découvrir dans les nouveaux espaces repensés du musée parisien.


Marianne de Cocteau

Il faut savoir, que le Musée de la Poste concerne toutes les pièces servant à la création de ces petits tableaux en miniature qe sont les timbres-poste. De véritables petites œuvres d’arts collectionnées depuis l’apparition du premier timbre-poste. Et dont, certaines pièces peuvent valoir aujourd’hui sur le marché des collectionneurs, plusieurs milliers (voire millions) d’Euros.

Le Musée de la Poste veille sur les projets – des œuvres originales – et la maquette finale ayant abouti à la Marianne de 1961, désignée par Jean Cocteau. Cette Marianne fut le premier timbre d’usage courant au petit format imprimé en taille douce de six couleurs. Ce timbre suscita à son lancement l’intérêt général des français n en raison de sa grande modernité et une représentation de la République beaucoup moins conventionnelle que les précédentes éditions.

Jean Cocteau, maquette du timbre-poste de la Marianne de Cocteau, 1961
Jean Cocteau, maquette du timbre-poste de la Marianne de Cocteau, 1961 – © Musée de La Poste – La Poste / Thierry Débonnaire, 2019 – © ADAGP 2019

Boite aux lettres, pour la Poste aérienne

Vous allez partir. N’oubliez pas que la fantaisie, le panache, l’héroïsme n’ont pas de sens ici. On vous demande d’apporter le courrier à l’heur. Vous êtes un ouvrier. Pas d’achat, p’as d’exploit possible. Le public doit toujours ignorer votre nom, sauf par une ligne dans le journal, le jour où vous serez assez maladroit pour vous faire tuer.

Didier Daurat.

C’est en ce sens, que Didier Daurat, directeur d’exploitation des lignes Latécoère, s’adressait dans les années 1920 à ses pilotes de l’aéropostale. Des pionniers, des pilotes de l’aviation et de l’aéropostale qui s’appelaient Henri Guillaumet, Jean Mermoz, Antoine de Saint-Exupéry…

Foulon fils, fabricant fondeur, boîte aux lettres pour la poste aérienne
Foulon fils, fabricant fondeur, boîte aux lettres pour la poste aérienne, 1932 – © Musée de La Poste – La Poste / Thierry Débonnaire, 2019

Plaque d’impression de la Cérès

Cérès fut le premier timbre-poste français émis et vendu à compter du 1er janvier 1849. La République est représentée sous les traits de Cérès, la déesse romaine des moissons. Un choix qui n’était pas dû au hasard, il s’agit alors de gagner la confiance de la population majoritairement agricole afin de l’encourager à adopter et à utiliser : le port payé.

Effectivement, la défiance était grande à cette époque de confier un objet pour livraison, tout en effectuant le paiement du transport à l’avance (on ose pas imaginer à l’heure actuelle, comment réagiraient ces mêmes personnes, face à la généralisation du e.commerce et de ses livraisons). Il était donc nécessaire d’instaurer la confiance envers les services de messageries de La Poste.

Jacques-Jean Barre, graveur, Cérès, plaque d’impression du premier timbre-poste de France, 1848 - © Musée de La Poste
Jacques-Jean Barre, graveur, Cérès, plaque d’impression du premier timbre-poste de France, 1848 – © Musée de La Poste – La Poste / Thierry Débonnaire, 2019

Bottes de position

A partir de la fin du 15è siècle, le postillon conduit le courrier – le responsable des messages transportés -, puis également les voyageurs d’un relais de poste à l’autre, le plus vite possible. Il est chaussé de lourdes bottes armées de fer, afin de le protéger en cas de chute.

Ces mêmes bottes ont d’ailleurs inspiré l’écrivain Charles Perrault, qui en a fait les bottes de sept lieues du légendaire « Petit Poucet » (1846). Charles Dickens mentionne lui aussi ces bottes « si comiquement hors de proportion avec le pied de celui qui les porte ».

Paire de bottes de postillon, cuir, fin 18e siècle
Paire de bottes de postillon, cuir, fin 18e siècle – © Musée de La Poste – La Poste / Thierry Débonnaire, 2019

« Sans Titre » Jace – Street artiste

Jace est un street artiste auteur du « Gouzou », un petit personnage sans visage à l’allure naïve et humoristique. Depuis 1992, il parcourt la planète pour une mise en scène dans des situations insolites. Le « Gouzou » revêt ici une tenue de facteur et s’apprête à adresser dans les airs une lettre d’amour. Cette œuvre commandée à l’artiste fait suite à sa participation au projet « Ralentir Street Art ». Un événement au cours duquel des streets artistes se sont succédés pour investir la palissade du chantier lors de la rénovation du musée.

Boite aux lettres la Poste JACE (1973-), Sans titre, tableau à l’aérographe, 2017 -
JACE (1973-), Sans titre, tableau à l’aérographe, 2017 – © Musée de La Poste – La Poste / Thierry Débonnaire, 2019 – © ADAGP 2019

Maquette du timbre Miró

En 1974, le célèbre artiste Catalan Joan Miró crée une œuvre – une adaptation de l’oiseau-flèche du logo des PTT – expressément appelée à devenir un timbre-poste. C’est alors une grande première. Puisque jusqu’ici, La Poste ne reproduisait que des œuvres déjà existantes.

Mais avec Miró, le timbre-poste devient un véritable support de création artistique, et par la suite, Alechinsky, Dali, Manessier, Soulages et bien d’autres mettront eux-aussi leur talent au service de la production philatélique.

Timbre Joan Miró, œuvre originale, maquette du timbre-poste, 1974
Joan Miró, œuvre originale, maquette du timbre-poste, 1974 – © Musée de La Poste – La Poste, 2019 – © ADAGP 2019

Convoyeur à la porte du train

Dès les années 1840, la Poste achemine le courrier plus rapidement grâce au train. Puis, pour aller encore plus vite, elle crée le service des ambulants – les « seigneurs de la poste » – qui trient dans les wagons pendant le trajet. (Un service qui aura connu son apogée avec le TGV postal – jaune -, mais abandonné définitivement en 2015 en raison du déclin du courrier).

Complétant alors ce service, les courriers-convoyeurs, qui travaillent de jour, cherchent aussi à gagner du temps et la Poste teste, hélas sans grand succès, différents procédés visant à échanger les sacs de courrier en cours de route, sans donc avoir à s’arrêter dans chaque gare.

Essai d’échange de dépêches en route sur le trajet Paris-Langres, tirage argentique, 1884 - © Musée de La Poste
Essai d’échange de dépêches en route sur le trajet Paris-Langres, tirage argentique, 1884 – © Musée de La Poste – La Poste, 2019

Tableau-horloge

Aujourd’hui rarissimes, les tableaux-horloges, prisés dans les milieux aisés du 19è siècle, avaient pour fonction de donner l’heure – puisqu’une horloge était dissimulée dans le décor, mais aussi de faire rêver.

Ce tableau-horloge peut être mis en mouvement au début d’un repas afin d’en distraire les invités. Plusieurs mécanismes permettent de déclencher une boite à musique et d’animer le paysage. Le fabricant a imagine un moulin dont la roue à aubes tourne, deux trains qui viennent à se croiser sur un pont et enfin, un télégraphe optique qui agite ses bras articulés – une innovation technique pour l’époque -.

Tableau-horloge animé avec télégraphe optique de Chappe, années 1830
Tableau-horloge animé avec télégraphe optique de Chappe, années 1830 – © Musée de La Poste – La Poste Thierry Débonnaire, 2019

Affichette Poste Automobile Rurale

En 1830, l’administration des Postes crée le service rural : 5000 facteurs sont recrutés afin de distribuer le courrier dans les campagnes françaises. Un siècle plus tard, les PTT font la promotion d’un service nouveau de la Poste : l’automobile rurale qui permet à la fois d’améliorer le service postal et de désenclaver les zones les plus isolées.

Les conducteurs des véhicules postaux transportent alors courrier, colis et voyageurs, mais ils se chargent aussi de récupérer auprès du pharmacien ou de l’épicier, les commandes passées par leurs clients. (Un service à la personne, que la Poste actuelle remet au goût du jour, afin de palier au déclin de la distribution du courrier et conserver une rentabilité du service de distribution).

affiche « Contre l’isolement rural… Poste omnibus automobile rurale », lithographie, 1927 -
A.Vérecque, affiche « Contre l’isolement rural… Poste omnibus automobile rurale », lithographie, 1927 – © Musée de La Poste – La Poste Thierry Débonnaire, 2019

Sac à picotin

Louis XI est considéré comme le créateur, vers 1476, de la Poste aux chevaux, elle-même à l’origine de la Poste. Cette organisation, basée sur un réseau de relais de la Poste dans lesquels, on pouvait notamment se procurer des chevaux frais, a perduré pendues quelques 400 ans. A la fin du 18è siècle, on compte jusqu’à 20 000 chevaux de Poste (qui, après trois ou quatre années de service, étaient affectés aux travaux des champs). L’arrivée du chemin de fer conduira à la disparition de la Poste aux chevaux, annoncée officiellement en 1873.

Sac à picotin de la poste aux chevaux, toile de jute, 19e siècle
Sac à picotin de la poste aux chevaux, toile de jute, 19e siècle – © Musée de La Poste – La Poste Thierry Débonnaire, 2019.

Voici quelques pièces d’une riche et magnifique collection, que l’on aura grand plaisir à admirer à nouveau, dès ce 23 novembre. Le Musée de la Poste, un lieu qui pourrait finalement être la mémoire définitive d’un service qui a traversé les siècles, mais qui aujourd’hui cherche à se réinventer.

Le déclin constaté année après année du courrier, la diminution du nombre de facteurs, la fermeture engagée des bureaux de poste, d’abord dans les campagnes, puis dans les villes. C’est un chamboulement faisant que le timbre-poste pourrait avoir un intérêt vers les seuls collectionneurs. L’ère du numérique, la disparition progressive du support papier, de la relation de proximité seront-ils les fossoyeurs d’une institution ? L’avenir proche nous le dira, et nous pourrons également dans les décennies à venir… quelles seront les nouvelles pièces qui viendront orner le Musée de la Poste ?


Musée de la Poste

Réouverture le 23 novembre 2019

21, Avenue du Maine – 75 015 Paris


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